Communiqué de presse - jeudi 22 septembre 2022
44èmes Régates Royales : La voile olympique s’invite à Cannes
Journée de rêve ce jeudi 22 septembre en baie de Cannes. Une fois encore, toutes les planètes étaient alignées, et les 130 équipages ont régaté dans une brise d’Est d’une douzaine de nœuds, les Dragon et 5.5 MJI terminant même par un tour des îles de Lérins magique.
C’est aussi car les Régates Royales sont le plus grand rassemblement de voiliers « classics » au monde, que nombre de régatiers ayant des palmarès sportifs tenant sur plusieurs feuilles A4, ne manqueraient surtout pas ce grand rendez-vous. Et des propriétaires à l’image de Patrizio Bertelli, le PDG de Prada, dont on connaît sa passion pour la voile, n’hésitent pas à embarquer pour mener Scud, son sublime plan Herreshoff construit dans le Maine (Etats-Unis) en 1903, Torben Graël. Le Brésilien surnommé dans le milieu de la régate « la Turbine », a non seulement disputé deux finales de Coupe de l’America, gagné la Volvo Ocean Race (course autour du monde en équipage), mais remporté cinq médailles aux Jeux olympiques – deux en or, une en argent et deux en bronze ! Quand il ne coache pas sa fille Martine, double championne olympique à Rio et Tokyo en 49er FX, un skiff ressemblant à une savonnette, Torben Graël régate sur les meilleurs spots de la planète. Il adore Cannes, car « il y a du jeu, du sport et que les conditions sont toujours exceptionnelles. » Quai Saint-Pierre, l’on croise des médaillés olympiques, des sélectionnés aux JO, des champions d’Europe et du monde, qui ont certes un peu plus de cheveux blancs qu’à l’époque où ils brillaient en dériveur, mais n’ont rien perdu de leur coup de patte à la barre, de leur vista tactique et lecture du plan d’eau, sentant les oscillations du vent avec un flair redoutable. Sur Jap, l’Irlandais Harold Cudmore, sélectionné aux JO de Munich 1972 en FD, premier non Américain à avoir remporté la célèbre Congressional Cup en match racing, ou le Britannique Phil Crebbin à la barre de Clarionet, sélectionné olympique en 470 aux JO de Montréal 1976, en sont les meilleurs exemples. Et que dire du Polonais Mateuz Kusznierewicz, cinq participations aux JO en Finn, et une médaille d’or à Atlanta en 1996 et une de bronze à Athènes en 2004 ! A peine arrivé d’un championnat du monde aux Etats-Unis, le Polonais a pris la barre du 5.5 MJI Aspire, et pour l’instant a gagné toutes les manches, et le tour des îles de Lérins ce jour.
Les espoirs olympiques du Yacht Club de Cannes en Tofinou
Mon premier se nomme Matisse Pacaud. Avec Lucie de Gennes, les deux jeunes espoirs du Yacht Club de Cannes, ont remporté cet été les championnats d’Europe et du monde juniors de 470, le nouveau format olympique mixte pour les JO de Paris 2024. Mon second, Hippolyte Machetti, lui aussi a été champion du monde junior (deux fois). Avec sa nouvelle équipière, Aloïse Retornaz, médaillée de bronze avec Camille Lecointre aux JO de Tokyo en 2021 et double championne d’Europe, le sociétaire du Yacht Club de Cannes, vient de terminer au pied du podium lors des championnats d’Europe en Turquie, après avoir terminé second de la Semaine Olympique Française de Hyères, sorte de « Rolland Garros » de la voile… et après seulement quelques jours de navigation en commun. Entre deux compétitions en 470 et avant le championnat du monde en Israël en octobre, Matisse et Hippolyte régatent à Cannes à bord de Tofinou 9,5, monotype construit à La Rochelle, à la fois élégant et performant, et qui mêle des matériaux tels que le carbone ou le bois. Conçu pour la navigation à la journée ou le week-end, mais aussi pour des régates classiques, la règle de la classe oblige le propriétaire à barrer en course. « C’est un bateau très sympa et ce sont mes premières Régates Royales à bord de ce monotype » explique Matisse Pacaud, qui gère les manœuvres, les réglages et a en charge la tactique à bord. Ce garçon de seulement vingt ans, à la tête bien faite, a tout d’un futur grand. « Mon ambition est de disputer les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, mais il y a ceux de Paris en 2024. Je n’ai aucune pression et je me dis que si l’opportunité d’être sélectionné se présente, je prendrais » explique-t-il presque gêné, avant d’ajouter : « mais il faudra déjà battre Hippo (Hippolyte Machetti) et Aloïse (Retornaz), ainsi que Camille (Lecointre) et Jérémie (Mion) ». Avec son copain du Yacht Club de Cannes « Ambition olympique » et leurs équipières respectives, ils ont passé 200 jours sur l’eau cette année dont 230 en dehors de chez eux, sillonnant l’Europe de long en large, au volant d’une camionnette tractant leur 470. Alors, régater à domicile aux Royales est un cadeau !
Un tour des îles pour clôturer la journée
Jérôme Nutte, le directeur de course et qui coordonne les comités, avait très envie de faire plaisir aux coureurs en Dragon et 5.5 MJI, en leur proposant une petite escapade entre les îles de Lérins, mais ne comptant pas pour le classement. « Ce qui m’importe, c’est que les gens venant régater à Cannes soient heureux… et je crois qu’ils le sont d’après ce que j’entends. Sur son semi-rigide orange, il a tenu à aller voir ses « ouailles » glisser sous spi entre Saint-Honorat et Sainte-Marguerite dans un délicieux zéphyr, saluant des VIP manifestement aux anges et choyés sur le bateau Thelas par le célèbre hôtel Martinez, l’un des partenaires de l’événement, et qui comme les Régates Royales, fêtera son centenaire en 2029. Les journées de Jérôme Nutte sont longues et denses. Réputé pour être à l’écoute des régatiers, il se lève tous les jours à 6 heures, puis petit déjeuner avalé, décrypte la météo du jour, et prépare un document sous forme numérique aussi précis que complet (cartes météo, prévisions, horaires, avenants…,) qu’il adresse à tous les concurrents via WhatsApp. On a beau régater sur des unités d’un autre temps, le traditionnel briefing matinal et obligatoire pour les équipages a laissé place aux formes actuelles de communication.
Classements complets
Photos libres de droit pour la presse. Crédit obligatoire Didier RAVON/YCC
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